Sophie Lavoie

Apprentissage, pratique musicale et processus de création. (texte principalement issu de l’entrevue vidéo ci-dessous)

Sophie Lavoie (née en 1982) a grandi à Alma. Son amour de la musique traditionnelle vient de sa famille. Son père jouait de l’harmonica, sa grand-mère chantait, jouait du piano et de l’accordéon. Les meilleurs moments de mon enfance c’était ça! dit-elle en parlant des occasions de musique et de chanson en famille. Sa grand-mère du côté maternel avait eu beaucoup de violoneux dans sa famille, que Sophie n’a pas eu la chance de connaître. Le père de Sophie faisait souvent jouer le Reel du Pendu à cette grand-mère, qui se mettait immanquablement à pleurer à cette audition!

C’est à l’école secondaire que Sophie a décidé de jouer du violon. C’est après avoir vu le film Les yeux de braise (ÉU, 1994) que son choix s’est fait.

La mère de Sophie, qui jouait du piano classique, avait inscrit sa fille en piano à l’âge de 10 ans. Elle a appris le piano à la note et le violon plutôt à l’oreille. Bien qu’elle lise la musique, elle préfère l’apprentissage oral puisqu’elle trouve la partition réductrice. Elle adore écouter différentes versions du même air, jouées par différents musiciens, pour ensuite se faire sa version à elle.

Elle a toujours adoré le piano classique et a longtemps pensé s’orienter vers cette pratique. Après son baccalauréat en piano à l’Université de Montréal, elle a décidé de faire du traditionnel, qui laissait, entre autres, plus de place à sa créativité que l’interprétation du répertoire classique.

C’est en revenant d’un séjour de 6 ans en Irlande qu’elle a décidé de s’imprégner de [sa] culture dit-elle. C’est en 2014 qu’elle va commencer à collecter différents musiciens du Saguenay – Lac-Saint-Jean. Le style de la région est directement lié à la danse, en contexte de solistes, puisqu’il n’y avait souvent qu’un seul musicien à jouer pour la danse.

Elle a beaucoup appris et continue d’apprendre auprès de ces porteurs de la région. Ce n’est pas que des mélodies qu’elle acquiert à leur contact, mais aussi tout le contexte que lui transmettent ces musiciens. Il y a une urgence à rencontrer et filmer ces vieux musiciens, avant même de consulter des archives, dit-elle. C’est là qu’elle place ses priorités.

L’un des violons de Sophie Lavoie est celui d’Achille Moreau, né vers 1830, un des premiers colons du Lac-Saint-Jean. Elle l’a eu des descendants de M. Moreau. C’est un très bon violon d’origine française.

Composition

Elle a commencé à composer dans le groupe L’Attisée du Lac-Saint-Jean, simplement parce que le groupe avait besoin de répertoire.

Elle trouve important d’imiter beaucoup avant de créer, pour bien assimiler le style.

Selon elle, ses pièces ont une couleur particulière, par le style québéco-saguenéen qu’elle leur donne.

Elle aime bien composer en violon désaccordé, en la-mi-la-mi par exemple. Cela permet de doubles cordes qui donnent une couleur québécoise à la mélodie.

Ses morceaux doivent sonner traditionnels, mais il faut que ce soit également original.

La musique nourrit la musique dit-elle. C’est donc souvent après avoir joué beaucoup de musique, toute une fin de semaine par exemple, qu’elle va avoir une idée de pièce.

Composer deux reels ensemble est l’idéal pour elle. Le premier va inspirer le second.

Elle compose en s’enregistrant tout du long, en plusieurs versions. Puis elle choisit la version qu’elle préfère. Jouer ses pièces en session ne l’intéresse guère. Ça la mettrait d’ailleurs mal à l’aise.

Elle observe que les sessions uniformisent le répertoire puisque tout le monde doit jouer la même version. Tandis que dans un milieu traditionnel de solistes, chacun pouvait avoir sa version personnelle. Elle se permet donc de faire ses propres versions personnelles, car c’est la création qui l’intéresse.

Elle a aussi composé une douzaine de chansons, ce qui l’attire de plus en plus. La mélodie lui vient en premier, puis elle y met des paroles. Elle adore les complaintes, qu’elle joue aussi au violon, ce qui n’est guère fréquent.

Entretien avec Sophie Lavoie