Michel Bordeleau
Apprentissage, pratique musicale et processus de création. (texte principalement issu de l’entrevue vidéo ci-dessous)
Michel Bordeleau est né en 1964 à Saint-Ambroise-de-Kildare (MRC de Joliette, Lanaudière), d’où les familles tant paternelle que maternelle sont originaires. Bien qu’il n’y ait pas eu de musique traditionnelle à la maison, sa mère était amoureuse de la musique, particulièrement de la musique country. Elle avait aussi appris le piano au couvent et en jouait un peu.
Michel, ainsi que ses frères et sœurs, ont tous appris la guitare étant jeunes, mais ont également tous abandonné rapidement.
L’achat familial d’un chalet au Lac-des-français marqua un tournant décisif dans l’engagement musical de Michel Bordeleau. Car le chalet voisin était occupé par la famille de Paul Marchand (guitariste bien connu du milieu trad). Ce fut donc à cette époque (vers ses 13-14 ans) que Michel s’est remis à faire de la musique, avec son voisin Paul!
Leur amitié musicale s’est poursuivie tout au long de leur adolescence. Ils se rencontraient toutes les fins de semaine et jouaient du Beau Dommage, Harmonium, etc. Les chansonniers de l’époque en somme.
C’est vers l’âge de 18 ans que Michel s’orienta vers la musique traditionnelle, lorsqu’il a découvert les partys de maison dans la région.
Paul Marchand reçut à un moment donné, comme cadeau de Noël, une mandoline, ce qui ne l’intéressait guère puisqu’il est beaucoup plus porté vers l’accompagnement. C’est alors que Michel s’est mis à la mandoline, de Paul! S’est ajouté environ 3 ans plus tard le violon, avant qu’il n’entre dans le groupe La Bottine Souriante.
Il avait entre-temps commencé des cours de musiques au Cégep de Joliette, en mandoline bien sûr. Cours qu’il laissa tomber lorsqu’il se mit à tourner avec La Bottine Souriante.
Il a adoré se produire, entre autres, au Pays basque et en Espagne. Il a d’ailleurs collaboré beaucoup avec le musicien et chanteur basque Kepa Junkera qui enregistra avec La Bottine Souriante et qui reprit certaines chansons de Michel.
Il n’est pas particulièrement intéressé par l’enseignement régulier, bien qu’il lui arrive de temps en temps d’enseigner de façon ponctuelle dans des camps de musique trad par exemple.
Il a commencé à composer lorsqu’il s’est mis au violon. Comme n’avait pas d’intérêt particulier à acquérir du répertoire, la composition lui est venue de façon assez naturelle. Il a composé une centaine de mélodies, dont approximativement 80 mélodies complètement terminées.
Quand il réécoute ses anciennes compositions, il trouve que ses premières étaient très personnelles, car moins influencées par d’autres mélodies ou styles. Il se permettait alors d’ajouter ou de couper des temps sur la phrase régulière de 8 mesures, ou de changer de tonalité en cours de partie musicale (A ou B). Certains accompagnateurs trouvaient cela bizarre, mais disaient finalement que ça fonctionnait!
Michel considère que ses mélodies ne sont pas traditionnelles en tant que tel, mais tout de même fortement inspirées de la musique traditionnelle.
Ses compositions sont fréquemment jouées dans les sessions et il reçoit souvent des demandes de musiciens qui veulent les enregistrer dans un nouvel album. Il s’agit bien sûr que des mélodies qu’il a enregistrées sur des albums. La majorité de ses pièces demeurent inconnues du grand public puisque non publiées.
Il dit ne pas avoir eu vraiment de modèle en tant que compositeur ou même comme musicien. Il restait dans son univers personnel, sans essayer de copier un style en particulier. Mais, comme il dit, «on récupère toujours un peu… on compose , oui, mais c’est jamais du neuf …» totalement.
Une grande période de création fut liée à une longue peine d’amour pendant laquelle il composa peut-être une quarantaine de pièces. Il considère cette période comme son apogée en création, avec beaucoup de pièces en mineur, qui exprimaient probablement son désarroi amoureux. La plupart de ses pièces n’ont pas de titres. C’est seulement lorsqu’il doit enregistrer une pièce sur un album qu’il se préoccupe de donner un titre à une mélodie de son cru.
Il compose un peu comme s’il était dans un jam : il joue des petites sections, s’enregistre, rejoue avec d’autres variations, de nouveaux coups d’archet, et assemble finalement tout cela en se réécoutant constamment.
Il revient très peu, sinon jamais, sur d’anciennes pièces qu’il n’a pas finalisées, bien qu’il pense qu’il devrait le faire…