Guy Loyer

Apprentissage, pratique musicale et processus de création. (texte principalement issu de l’entrevue vidéo ci-dessous)

Guy Loyer est originaire du Lac-Saguay et vient d’une famille d’accordéonistes. Son père, son oncle et ses tantes jouaient de l’accordéon, dans les années 1930-1940. Bien que Guy n’ait jamais entendu son père jouer, celui-ci était reconnu pour être un excellent accordéoniste, au style d’Alfred Montmarquette, qui avait d’ailleurs habité environ un an chez une cousine du père de Guy.

C’est chez une de ses tantes que Guy a vu pour la première fois de la danse traditionnelle et entendu des chansons du même style. Lorsqu’il est arrivé à Montréal en 1978, il a joint la troupe de danse Moromaguy, dans le quartier Villeray. Et c’est lors de ses premières répétitions dans cette troupe qu’il a entendu des pièces enregistrées par Philippe Bruneau.

Mario Boucher, qui était aussi membre de la troupe, lui a alors révélé que Philippe Bruneau habitait à deux rues de la maison de Guy. Celui-ci a pris contact avec M. Bruneau, et c’est alors, vers 18 ans, qu’il s’est pleinement investi dans le jeu d’accordéon.

Lors de cette première rencontre, Philippe Bruneau lui accorda dix minutes pendant lesquelles il lui montra trois pièces. M. Bruneau lui dit ensuite de revenir la semaine suivante avec ces trois mélodies bien apprises. Guy est revenu la semaine suivante après avoir travaillé d’arrache-pied sur ces trois airs, car il commençait tout juste à jouer et n’avait que deux morceaux à son répertoire.

À partir de 1981, Philippe Bruneau prit Guy sous son aile. Celui-ci commença donc à descendre de Mont-Laurier en autobus deux fois par semaine pour aller chez son mentor. Cela dura une quinzaine d’années, jusqu’à ce que Philippe Bruneau s’installe en France en 1992. Les deux s’entendaient bien sur la manière de voir la musique et son interprétation, sur l’exactitude et la rigueur nécessaire à l’interprétation de la musique traditionnelle.

Le compositeur Guy Loyer

Guy trouve essentiel d’apprendre une pièce exactement comme elle nous est parvenue. L’interprétation et les variations personnelles pourront suivre ensuite, si désirées, mais cette première étape est primordiale à ses yeux.

Comme il était aussi danseur et qu’il voyait qu’on prenait souvent n’importe quelle pièce pour différentes danses, il a décidé de composer des morceaux bien adaptés aux divers genres de danses. Il s’est aussi inspiré des collectes de danses qu’il visionnait au Conseil canadien des arts populaires, dirigé par Guy Landry.

Il a par la suite composé des Hommages dédiés à des personnes, et répondu à des commandes musicales. Certaines de ses compositions furent adoptées par Philippe Bruneau, ce qui confirmait à Guy qu’il avait bien réussi ces morceaux! P. Bruneau n’a d’ailleurs corrigé que deux pièces sur la centaine d’airs que Guy a composées. Celui-là l’incitait par ailleurs à développer des variations sur ces compositions.

La méthode la plus souvent utilisée pour composer consistait à enregistrer ses compositions sur des cassettes. Il en a amassé des centaines, et en a perdu également beaucoup. Il a d’ailleurs consulté entre 150 à 200 de ses cassettes afin de faire son livret-CD avec Jean-Claude Bélanger.

Certaines compositions lui venaient rapidement, d’autres ont pris trente ans!

Jean-Claude Bélanger lui fit remarquer un jour qu’il avait composé dans plusieurs styles (galope, valse, etc.) mais n’avait pas fait de brandy (3/2). Il a donc commencé un brandy en 1987, intitulé Hommage au petit bonhomme gigueux pour Pierre Chartrand. Cette pièce avait alors deux parties. Mais il se disait qu’il faudrait bien d’autres parties à ce morceau. Trois autres parties lui sont venues 30 ans plus tard! Tandis que son Hommage à Rachel Aucoin lui aura pris dix minutes!

Ses Hommages sont directement inspirés par les personnes à qui ils s’adressent, à leur caractère, à leur pratique, à leur histoire. L’Hommage à Guy Landry transpose par exemple des discussions, amicales bien sûr, qu’ils avaient fréquemment entre eux sur des visions parfois opposées sur la danse. Et Guy (Loyer) a cherché à transposer dans sa pièce l’ambiance de ces discussions soutenues.

La première composition de Guy fut La Valse à Philippe qui devint un de ses grands succès. L’Hommage à Philippe Bruneau comporte en fait trois parties : une en valse, une autre en 6/8 et la dernière en galope. Mais la première partie a pris son envol individuel sous le nom de Valse à Philippe.

Il a aussi composé Hommage à Josée Arsenault dans le style d’un reel gigué. Sa pratique de gigueur a d’ailleurs beaucoup influencé son style d’interprétation.

Il en a enregistré 77 compositions sur la centaine qu’il a créées.

Il affectionne particulièrement certaines de ses créations, dont : Hommage à Philippe, Hommage à Josée Arsenault, La Galope des folkloristes, Hommage à Rachel Aucoin, Brandy du p’tit bohomme gigueux à Pierre Chartrand.

Philippe Bruneau a eu une influence déterminante sur son jeu et encore aujourd’hui, lorsqu’il joue ou qu’il compose, il se demande « Qu’est-ce que Philippe penserait de d’ça? ».

Enregistrements album

Hommages en 2015

Compositions principales

Valse à Philippe, Marche pour Philippe, Hommage à Josée Arsenault, La Galope des folkloristes, Le Brandy du p’tit bonhomme gigueux, Hommage à Guy Landry, Hommage à Michel Béchard, Hommage à Réjean Simard , Hommage à Gaston Nolet, Hommage à Sabin Jacques, Hommage à Rachel Aucoin, Hommage à Frank Sears, Hommage à Alcide Savard, Hommage à Martine Billette, Hommage à Richard Forest, Hommage à Claude et Dana, Hommage à Gervais Bélanger, Hommage à Carmen Guérard, Valse de l’arrangeur, Marche de Montreuil, Hommage à Réjean Lizotte, Hommage à Dorothée Hogan, Hommage à Guy Desrosier, Hommage à Sophie Lavoie, Hommage à Normand Legault, Hommage à Lise Beauchemin, Hommage à Jean-Marie Verret, etc.

Entretien avec Guy Loyer