André Marchand

Apprentissage, pratique musicale et processus de création. (texte principalement issu de l’entrevue vidéo ci-dessous)

André Marchand est originaire de Joliette. Il est né en 1953 dans une famille de musiciens classiques. Sa mère était pianiste, son père jouait du violon, et ses deux sœurs sont également devenues pianistes. Un de ses oncles était violoneux et chantait admirablement les chansons de La Bolduc. André n’a cependant connu cet oncle que très peu de temps avant sa mort, lorsqu’il commençait à s’intéresser à la musique traditionnelle, vers ses 19 ans.

Son père voulut par ailleurs lui faire suivre des cours de violon classique, mais cela n’emballa pas André, qui ne fit que quelques semaines de cours. Il a donc tout appris à l’oreille, comme c’est très souvent le cas dans le milieu de la musique traditionnelle. Il se rappelle avoir dû trouver des « moyens de communication » spéciaux lorsqu’il a eu à travailler avec des gens issus de la musique plus académique, comme le projet avec La Nef par exemple.

Son entrée dans la musique traditionnelle s’est faite par l’entremise d’amis tels Gilles Cantin et Normand Miron, entre autres. Cela s’est fait à l’époque où le mouvement nationaliste québécois était vigoureux ainsi que l’intérêt pour la recherche de sources musicales (collectes). Des événements majeurs comme La Veillée des veillées, ou des productions comme la série de films Le Son des français d’Amérique (André Gladu et Michel Brault) ont eu leur part à jouer dans son engouement pour la musique traditionnelle.

Son amitié pour Gilles C. et Normand M. lui a ouvert les portes vers des familles où la tradition était bien vivante, et fort emballante pour le jeune musicien qu’il était! Selon André, Gilles et Normand étaient pour La Bottine Souriante « le cordon ombilical » vers la tradition!

Bien que sa famille était plus orientée vers la musique classique, la sortie du premier disque de La Bottine Souriante (1978), a enchanté ses parents, particulièrement sa mère.

André Marchand

Influences et répertoire

Le guitariste et chanteur Gilles Cantin a eu une influence déterminante sur le jeu à la guitare d’André, surtout dans ses premières années de pratique. Puis vinrent les albums de musique traditionnelle, dont beaucoup de groupes irlandais, qui marquèrent son style. Cette musique irlandaise était attrayante par ses fortes connexions avec la nôtre… même le grand-père de Normand Miron était irlandais! Les accompagnateurs de groupes irlandais (Bothy Band et autres) jouaient cependant en open tuning tandis qu’André jouait en standard. Il s’inspirait donc principalement de leurs progressions d’accord. Son choix vers le jeu standard venait, entre autres, du fait qu’il ne pouvait accompagner du Jos Bouchard ou des airs de Charlevoix en open tuning.

D’autres influences sont venues plus tard, lors de la rencontre de musiciens américains tels Pete Sutherland et Grey Larsen.

Sa période fructueuse en composition va du milieu des années 1970 au début des années 1990. Il écoutait alors beaucoup de Gilles Vigneault et était tenté par les chroniques du quotidien qu’avait fait La Bolduc. Cela l’a fortement influencé dans ses compositions de chansons. Il en a cependant jeté beaucoup plus qu’il n’en a gardé. La composition musicale lui était plus abordable, bien qu’avec les années il trouva les anciens airs traditionnels de plus en plus beaux et laissa tomber, par acte d’humilité, la composition personnelle.

Il a par ailleurs eu la chance de côtoyer des gens comme Lisa Ornstein et Guy Bouchard qui lui ont fait connaître le vieux répertoire de façon plus approfondie.

Il est tout de même fier de plusieurs de ses compositions, particulièrement de la Javalsurka du grain de beauté qu’il enregistra sur le deuxième disque de La Bottine Souriante. La plupart des compositions dont il est satisfait se retrouvent sur les disques qu’il a enregistrés. Il n’est pas exclu que sa participation au groupe Grosse-Isle puisse éventuellement l’amener à composer de nouveau.

André a aussi beaucoup travaillé comme ingénieur de son pour quantité d’albums, particulièrement jusqu’en 2008, date du décès de Denis Fréchette, à qui appartenait le fameux Studio du Rang 4, dans lequel officiait André. Denis et André avaient comme objectif premier de mettre les gens à l’aise dans le studio. Depuis le décès de Denis, André se concentre essentiellement sur sa carrière de musicien.

Il voit la transmission de son jeu et de son savoir à travers divers canaux : jouer avec la jeune génération (comme Grosse-Isles par exemple) et parfois donner des ateliers de guitare dans des ateliers ponctuels.

Quand on lui demande des conseils musicaux, il répète souvent l’importance d’aller écouter les vieux pour comprendre leur répertoire et leur manière de jouer, que ce soit pour composer ou pour interpréter convenablement des airs traditionnels.

Entretien avec André Marchand